Le sort de Tabris vous ayant intrigué, et n'ayant pas prévu de raconter en détails ce qui allait lui arriver, j'ai décider de rédiger un texte en parallèle de mon fardeau pour vous le conter.
Ça aurait été dommage, car mine de rien il se retrouve au cœur de l'action quand même
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Chapitre 1 : Rassemblement des forces
Tabris fut bien plus vif que son compagnon envouteur. Il fut le seul à voir arriver la monstrueuse ombre enflammée qui fusait dans leur direction et, criant un ordre de repli qu’il savait inutile, il fut le seul à avoir le temps de se préparer à encaisser le choc. S’entourant d’une épaisse couche de brume protectrice, il se jeta au sol, le plus loin possible de la zone d’impact.
Le souffle de feu qui s’ensuivit, le souleva comme un fétu de paille et l’envoya s’écraser une dizaine de mètre plus loin. Mais, malgré la violence de la projection, son corps ne subit aucun dommage. Cela dû en être autrement pour tous les autres occupants de l’arène.
Se relevant avec difficulté, il constata qu’un gigantesque cristal de feu était fiché au milieu de la zone et que la terre elle-même entrait en fusion sous l’intensité de la chaleur. D’autres projectiles s’apprêtaient encore à s’écraser et Tabris n’eut pas le temps d’apprécier plus longuement ce paysage d’apocalypse ou de chercher d’éventuels survivants, il lui fallait se mettre a couvert au plus vite. Et ce couvert serait le vaste réseau de galeries qui s’étendait sous l’arène.
Atteignant avec peines les souterrains, il eu le plaisir de constater qu’il n’avait pas été le seul à s’y être réfugié. Osric, Tydus, Arne et de nombreux autres officiers ou simples soldats avaient fait de même. Tous le regardèrent avec des yeux ronds :
- « Mais vous étiez dans l’arène ! Comment avez-vous pu survivre ? »
- « J’ai toujours été doué pour survivre… »
Alors qu’il répondit, le jeune élonien se rendit compte de la gravité de ce qui venait de se produire. Aethyos Galcian était probablement mort.
Sa mission ici venait de prendre fin.
Tabris aurait aimé que ses pensées s’arrêtent là, mais il ne pouvait s’empêcher de réagir comme n’importe quel être humain : des larmes perlèrent de ses yeux.
Tout ça n’était qu’une mission ; se lier avec l’envouteur, surveiller ses moindres faits et gestes, faire un rapport chaque semaine aux lanciers du soleil et le tuer s’il jugeait que la situation le justifiait. Mais au-delà de tout cela il ne pouvait se mentir à lui-même : il appréciait sincèrement l’envouteur, il le considérait véritablement comme son ami, son meilleur et unique ami.
Pour faire autant de sentiment il devait véritablement être un piètre agent des lanciers.
*
- « Messire Orval… Allez-vous bien ? »
La réponse à cette question était évidente, c’est pourquoi Tabris se permit de mentir et de se concentrer sur l’essentiel :
- « Oui… Mais que comptez vous faire ? Un déluge de feu s’abat sur nous, nous ne pouvons tout de même pas nous permettre de nous cacher ici pendant que le peuple se fait tuer ? »
Ce fut Tydus qui lui répondit :
- « Bien sur que non. Mais nous ne pouvons rien faire contre… ce qui est en train de se produire. La population saura se mettre à l’abri, mais le vrai problème, c’est l’origine de cette attaque. Il ne fait aucun doute que c’est l’œuvre des charrs et nous devons nous préparer à repousser leur futur assaut. Il faut regrouper l’armée et en cas de cataclysme tous les soldats on la même directive : protéger Rin. »
L’élonien sembla perplexe :
- « Mais Ascalon ? »
- « Ascalon n’abrite pas le roi, toute sa population n’égale pas le quart de celle de Rin, et de toute façon, je suis certain que de nombreux héros la défendrons. Si Ascalon tombe, on pourra la relever, mais si Rin tombe, c’en seras fini du royaume. »
Tabris n’aimait guère l’idée d’abandonner Ascalon, mais il ne pouvait pas se permettre de la défendre sans l’appui des soldats, ce serait peine perdue.
- « Mais Rin est à des centaines de kilomètres d’ici… »
Tydus le coupa :
- « Ne vous en faites pas pour ça, il y a un portail ici, nous nous en servirons pour atteindre Rin. Une fois la capitale sauvée, nous nous resservirons du même portail pour revenir, avec le soutien de tous nos soldats, et repousser les charrs ici. »
Vu comme cela, le plan commençait enfin à convaincre l’hydromancien :
- « Mais si le portail est détruit entre-temps ? »
Tydus semblait quelque peu dépassé par les questions que lui posait l’élémentaliste, il était habitué à l’obéissance aveugle d’un soldat parfaitement discipliné :
- « Dans ce cas, nous reviendrons par la voie terrestre. Mais ne perdons plus de temps, il faut se dépêcher d’atteindre la capitale. »
Sans laisser à personne le soin de le relancer sur une autre interrogation, le maitre de guerre s’élança dans les sombres couloirs du souterrain, entrainant dans sa marche tous les hommes qu’il avait pu rassembler.
*
La salle du portail se trouvait en plein cœur du réseau de galeries qui s’étendait sous la ville, de nombreuses voies permettaient d’y accéder et ce fut une chance, car les chocs des charges magiques qui bombardaient la ville en avait fait écrouler de nombreuses. Ainsi le groupe dû faire de nombreux détours avant d’arriver à destination.
Cette salle était étonnamment grande et haute de plafond, Tabris s’étonna de constater qu’elle ne s’était pas écroulée, mais il s’imagina qu’elle devait être protégée à l’extérieur par une construction blindée.
Plus étonnant encore, la pièce était vide, et cette impression était renforcée par ses dimensions. Cependant après un examen plus approfondi, il devenait évident que la seule chose qui pouvait être le portail se trouvait au sol : un large cercle de pierre sur lequel était gravé de nombreux motifs géométriques aux couleurs vives.
Lorsque Tydus s’en approcha, les motifs se mirent à luire et tous purent voir avec émerveillement de fins rayons de lumières y prendre naissance et se déplacer en direction du centre du cercle. Lorsque tous furent concentrés au même point, une porte d’or se matérialisa devant les yeux de tous.
- « En route pour Rin mes amis, notre royaume a grand besoin de nous »
Sur ces mots le maitre de guerre s’engagea dans la lumière dorée et disparut. Les officiers le suivirent aussitôt en faisant signe aux autre de les suivre.
Reléguant leur peur de l’inconnu au fond de leur cœur, tous s’engagèrent sans l’ombre d’une hésitation et ce fut Tabris qui ferma la marche.
L’élémentaliste s’était attendu à une expérience des plus désagréable ; une sensation de torsion, des vertiges, mais il eu la surprise de ne rien ressentir du tout. D’une sombre pièce souterraine il venait d’être transporté, en douceur, dans un vieux bâtiment militaire passablement endommagé par les derniers évènements. Il ne s’en plaignit pas.
Voyant que tous les soldats étaient sortis à l’air libre, il en fit de même pour contempler le spectacle.
Dehors il eu le plaisir de se rendre compte que le déluge de feu avait considérablement faiblit, cependant en contrebas, la capitale brûlait.
Il se trouvait sur une colline et avait une vision parfaite du futur champ de bataille : une vaste plaine vallonnée, parsemée de cristaux incandescents. Les charrs venaient de passer la porte du rempart et s’élançaient déjà en direction de la plaine pour prendre Rin d’assaut. Bien trop éloigné pour estimer les effectifs qui étaient en train de former leur rang aux portes de la cité, Tabris ne put qu’espérer que ceux-ci étaient en nombres suffisant. Ou au moins que la vaillance de leur cœur comblerait ce manque face à la horde qu’ils allaient devoir affronter.
Le maitre de guerre Tydus vint alors à la rencontre de l’élonien :
- « Alors qu’en pensez vous ? »
- « J’en pense que nous aurions mieux fait de rester à Ascalon, lui répondit son interlocuteur. Nous ne sommes pas à Rin, nous n’en sommes qu’à quelques pas certes, mais les charrs se mettront en travers de notre route. De plus nous ne sommes qu’une cinquantaine, notre présence ne pèsera pas lourd dans l’équilibre des forces. »
Le maitre de guerre sourit :
- « Vous êtes du genre têtu n’est ce pas ? Mais je vous l’ai dis, notre devoir de soldat et de protéger la capitale ainsi que notre roi. Repoussons les charrs ici et ensuite nous reviendrons, en nombre, défendre Ascalon. »
Le jeune mage se tourna alors vers l’officier :
- « Dans ce cas, quelle est votre plan immédiat concernant cette bataille ? »
Le visage de Tydus redevint alors grave :
- « Comme vous l’avez fait remarquer notre groupe est en effectif réduit : une trentaine d’épéistes, une vingtaine d’archers et un élémentaliste. Notre seul option et de descendre discrètement de la colline, placer nos archers là-bas. » Il indiqua un point en contrebas, légèrement surélevé et à proximité de l’un de ses horribles cristaux de feu. « Nos guerriers, ensuite, se jetteront sur les charrs à l’instant même ou la bataille contre les défenseurs de Rin aura été engagée, ainsi nous les prendrons en tenaille. Quant à vous, nous vous demanderons de vous déchainer pour nous apporter le meilleur soutien d’arrière-garde possible. »
Jetant un dernier coup d’œil aux champs de bataille, Tabris évalua les failles du plan du maitre de guerre : il y en avait de nombreuses, mais il avait le mérite d’offrir une chance de réussite.
Acquiesçant du regard, il lui fit comprendre qu’il approuvait son plan.
- « Bien. Maintenant suivez moi, nous devons nous montrer vif. »
Rejoignant le reste des hommes, le jeune élonien s’entoura d’une aura bleuté.
On lui avait demandé de se déchainer, il comptait leur offrir toute satisfaction.