Page à moitié tournée d'un long journal.

[Ceci est un rp d'Eve et moi en cours de rédaction (la flemme nous faisant écrire à un temps windows, c'est à dire une barre de chargement interminable si vous voyez ce que je veux dire...) Ne pas y toucher donc, merci =p]
Ajout d'Eve : C'est surtout parce que c'est un semi-BG que l'on sait où l'on le veut mener.

La petite bourgade était très calme. Comme à son habitude. Isaac se posa devant les flammes de l’immense foyer qui jamais ne semblait vouloir s’éteindre.
Ses yeux jaunes balayèrent les lieux. Personne aux alentours…Ce n’était pas aujourd’hui qu’elle aurait un bon public, ni une assiette pleine. Et il l’a connaissait assez pour savoir que toute tentative pour l’aider était futile : Elle refuserait, car c’était la voie qu’elle avait choisit dans cette vie : une vie de musique. Une vie trop paisible pour un Fahrenheit.

Les yeux d’ambres se fermèrent.

Qu’avait été sa vie jusqu’à présent ? Une longue succession de bataille. Un éternel errements dans une plaine de sang ; une vie banale pour un Fahrenheit, jusqu’à Roxanne…Fonder une famille…Une brève période de paix. Une période dont il pensait naïvement qu’elle allait durer toute sa vie.
Il aurait dû le savoir. Nulle paix durable n’existait pour un Fahrenheit.
Son combat et sa défaite contre Narya lui avait ouvert les yeux, cela faisait trop longtemps qu’il courrait après des souvenirs…Des fantômes… Il était temps de tourner la page, mais avant cela…
Un mouvement près de lui le fit lever la tête : elle était la, et le regardait en souriant. Puis elle posa son chapeau à ses pieds et sortit une flûte.
Il n’y avait personne d’autre que lui, mais elle le considéra comme un public suffisant et porta la flûte à ses lèvres. Le son qu’elle lui dédia le fit sourire. Sans doute cherchait elle à l’apaiser. Mais Isaac n’était pas d’humeur à cela car…

Il avait toujours une page à lire.

« Cette histoire se passe longtemps avant que je ne rejoigne l’ordre de l’Aube Eternelle. A l’époque ou un Norn ne m’aurait désigné qu’en louveteau…Alors que je parcourais le monde, sans autre but que d’accumuler de l’expérience sur ce que je considérais alors être la vie.
L’histoire où je me reposais enfin pour la première fois…Et peut-être la seule fois en fin de compte. »

Une terre pure dans une plaine de sang.

1075 AE, Cantha est sorti d’un interminable sommeil agité. Partout, des campagnes jusqu’à la Cours, on oublie cette période en contant de mille versions les périples vécus par huit héros qui, à eux seuls, auraient anéanti les desseins de Shiro en même temps que lui. De Kaineng à la mer de Jade en passant par Echovald et jusqu’au Monastère de Shing Jea, des troubadours chantent, content ou jouent leur interprétation sur les places publiques, ou en privé pour les plus offrants. C’est dans une de ces troupes que je vais nous arrêter cette fois, Melodiosa Nocte. C’est un groupe assez large, on y retrouve musiciens, poètes, jongleurs et acteurs dispersés aux quatre coins de la Tyrie. Etant bien appréciés des nobles Kurzicks, le gros de la troupe s’improvise depuis peu sédentaire, considérant que vivre bien était plus important que vivre leur passion. Les plus jeunes, à l’esprit plus tourné vers le voyage que vers la vie paisible qu’offrait la forêt d’Echovald, décidèrent de créer leur propre troupe, Aeterna Nocte. C’est à l’une des flûtistes qu’ils en donnèrent la direction, Mya Sha.
On n’a aucun racontar intéressant à son propos, jeune femme sans histoire, elle suit la troupe depuis sa plus tendre enfance : elle n’a connu qu’eux. Si elle excelle à la flûte et dans le jeu de scène, elle n’en est pas moins une illusionniste douée d’une incomparable inspiration. Elle fait parti de ces quelques uns qui défendaient la troupe lorsqu’elle était attaquée par de quelconques brigands. Mais c’est seulement à partir de l’Aeterna Nocte que sa vie de femme commence réellement, c’est à partir de là seulement que sa vie devient intéressante, mais uniquement si vous aimez les potins et autres histoires dénuées d'intérêt.

« Puisque je te dis que c’est trop dangereux d’y aller sans protection ! On à déjà failli se faire égorger par des corsaires et toi tu veux mener la troupe vers l’inconnu comme ça… »
_Et ben ? Tu veux peut-être payer les mercenaires ? Ils ne sont pas dignes de confiances, et ils coûtent cher ! Autant ne pas y aller du tout. On finirait par devenir déficitaire !
_Ha ? Je croyais que tu jouais pour le plaisir et pas pour l’argent ?
_Faut bien vivre, imbécile !

Les idiots, il fallait toujours qu’ils se disputent pour un oui, pour un non…
Assise dans un coin, une jeune flûtiste de la troupe observait la dispute de loin. Elle était d’avis de partir avec un mercenaire mais, fatiguée de ces longs débats, la musicienne se tut et garda son avis pour elle même. Mais un détail attira soudain son attention, une lueur blanche venant de l’ouest. Un point lumineux à l’horizon qui se rapprochait lentement, probablement le soleil qui se reflétait sur les vêtement de quelqu’un. Fixant la petite lueur blanche jusqu’à le discerner un peu mieux, elle finit par reconnaitre une robe de derviche coutumière chez les lanciers du soleil, et bientôt un grand homme se trouvait près d’eux. On aurait dit un de ces louveteaux du Grand Nord, avait-elle pensé ce jour-là ; un pelage blanc, de la robe aux cheveux, pour des traits encore jeunes et vifs. Oui, un louveteau.

« Vous êtes un lancier du Soleil c’est ça ? » Fit l’un des hommes en dévisageant le derviche.

« C’est cela. » répondit l’intéressé d’un ton faussement chaleureux – Mya l’avait remarqué tout de suite – il posa un poing sur son cœur dans un salut militaire. « A vôtre service. Mes supérieurs m’ont envoyé ici, ayant ouïe de vôtre…Incident…Avec les corsaires. Je suis ici pour mesurer l’étendue des dégâts, et si possible vous assister. »

Les deux membres de la troupe se regardèrent.

« Nous n’avons pas de quoi payer. »
_Cela n’a pas d’importance. Les Lanciers du Soleil offrent leurs services, quel que soit le statut social des…Personnes en détresses.

S’approchant du trio, Mya dévisagea le jeune homme. Son ton était faux mais il ne semblait pas être plus un corsaire qu’un lancier du soleil. Elle aurait dû refuser, expliquant ses sentiments à ses deux compagnons, cependant, son souhait de les accompagner l’intriguait autant que ses yeux jaunes. Elle s’exprima donc égoïstement :

_Peu importe que l’on doive payer au final ou non, se produire en Vabbi est une chance unique, visiter la Vabbi en est une plus grande encore, et si tu as peur de devenir déficitaire, tu peux t’installer dans un coin, trouver une terre à cultiver et fonder une famille. Mais ne rêvais-tu pas, un jour, de vivre de passion et non d’argent ?

Tournant son regard vers l’étranger, elle continua :

_ Et puis, où que l’on soit, une aide qui se dit gratuite peut-elle être déclinée ?

L’autre baissa les yeux, penaud. Il lui était arrivé de penser famille, mais la troupe passait avant tout. Il fallait bien qu’il y en ait un pour penser matériel au milieu de tout ces fous emplis d’art, non?

_Gratuite, gratuite…Folle, je ne ferais pas confiance à un type en robe apparaissant de nulle part. Je te parie qu’il y’a ses copains derrière la falaise là-bas, prêts à nous égorger dès que nous le suivrons.

Le derviche, lui, n’avait d’yeux que pour Mya. Jeune, un visage agréable et semblant ne pas avoir tout à fait la tête sur les épaules…Il cligna des yeux et reporta son attention sur le troubadour sceptique en face de lui.

“Idiot, pensa t’il, je n’aurais besoin de personne pour vous égorger tous…Et c’est sûrement vrai aussi pour un corsaire.”

Isaac haussa les épaules et désigna toute la compagnie d’un grand geste du bras.

_Je ne peux pas vous forcer à me prendre comme “mercenaire”, mais je sais d’avance que si vous ne prenez aucune mesure pour protégez vôtre carriole, vous ne survivrez pas longtemps. Il n’y a pas que les corsaires. D’autres créatures moins intelligentes mais plus sournoises vous attendront derrière la forteresse de Jahai. Les Hekets -des hommes grenouilles si vous n’en avez jamais entendu parler- sèment le chaos dans tout Elona. Ils se reproduisent à une vitesse incroyable et il est presque impossible de les éviter quand ils ont décidés de saturer une zone. Et si vous croisez une bande de Harpies dans les montagnes, vous ne verrez plus le jour se lever car vous serez mort ou aveugle. C’est à vous de décider.

Il avait déjà mis sa faux à l’épaule, prêt à partir.

Evitant soigneusement chaque regard de l’étranger, la jeune femme laissait ses yeux se balader de l’un à l’autre de ses compagnons. Elle savait qu’ils avaient déjà perdu beaucoup lors de l’attaque de ces corsaires et que leurs peurs étaient on ne peut plus normales,mais elle considérait leur envie de partir seuls comme l’étant bien moins. La troupe l’avait mise en tête et elle était ainsi certaine que chacun suivrait sa décision mais elle voulait faire les choses correctement et de manière à ce que le maximum de gens soient en accord avec elle. Aussi, héla-t-elle le reste de la troupe.

_ Nous voila à partir en Vabbi, seuls, après une attaque de corsaires. Vous savez tous ce qu’il en est des résultats je suppose ? Pour cause, nous avons plusieurs choix : risquer notre vie à partir seuls en Vabbi, ne pas y aller, ou engager quelqu’un. S’exclama-t-elle une fois que la petite dizaine de membres furent à ses côtés. Nous avons ici un lancier du soleil, que nous ne connaissons pas, qui nous propose gracieusement son aide. Ne tient qu’à nous de l’accepter ou de la décliner. Réfléchissez-y bien et séparez vous en deux groupes. A ma droite, ceux qui acceptent, à ma gauche ceux qui refusent.

Elle se tut sur ces mots, regardant ses compagnons douter, se jeter des regards hésitants. Ils n’avaient que peu de temps pour choisir et certains attendaient que leurs amis se décident pour les suivre bêtement pendant que d’autres semblaient réfléchir plus posément à la question posée. Vint enfin un homme à la droite de Mya, suivi de sa femme et de son fils tandis que le gestionnaire partait à sa gauche. Il fut suivi de deux amis à lui tandis que le reste de la troupe partit à la droite de la jeune femme.

_ Elle causera notre perte, jura le gestionnaire avant de se ranger à son tour à droite de manière à ce que la musicienne puisse s’adresser au derviche.

_ Il semblerait qu’ils aient parlé pour moi. Si ce jeune homme ne vous a en rien offensé et que votre offre tient toujours, votre aide est ici la bienvenue.

Des étendues de sable surmontées de palais, de villes resplendissantes, de jardins… Un joyau au sommet d’une dune, telle était la Vabbi. Chacun prenait plaisir à y voyager et tous prenaient des notes, dessinaient, peignaient tant qu’ils le pouvaient ces terres avant de n’avoir à les quitter ; ils auraient maintenant de nouvelles choses à raconter sur les autres continents qui les émerveilleraient encore autant que leurs spectateurs. Si quelques attaques de corsaires, de hekets ou d’immenses créatures toutes faites de roc les avaient un peu ébranlés, ce fut de courte durée ; le jeune homme qui s’était joint à eux faisait bien son travail et les débarrassait efficacement de ces dangers bien que quelques craintes à son propos subsistaient.

Un soir, tandis que tout le monde dormait, une jeune flûtiste de la troupe vint s’assoir aux côtés du derviche, près du feu. Ni l’un ni l’autre n’était très bavard mais, ne parvenant pas à dormir, elle s’était décidé à en apprendre plus sur cet étranger.

_ Voila quelques jours que nous voyageons ensemble et je n’ai toujours pas eu l’occasion de vous demander votre nom. Le puis-je ?
_ Non, pas tant que vous me donnez le vôtre.
_ Et après tout ce temps passé avec nous vous ne l’avez jamais entendu ?
_ Eh bien, non, j’étais trop occupé à regarder la route.
_ Mon nom est Mya, annonça-t-elle dans un soupir.
_ Isaac Fahrenheit, j’ajouterais bien pour vous servir si ce n’était pas déjà le
cas.
_ Fahrenheit, ce n’est pas un nom commun… d’où venez-vous ?
_ Du hall des Lanciers du Soleil, avait-il répondu un grand sourire aux lèvres.
_ Ce sur quoi je ne vous crois pas.
_ …

Les yeux noirs de la flûtiste se plongèrent dans l’ambre des siens, ceux-si l’intriguaient autant que son caractère. Elle approcha doucement sa main et effleura ses paupières.

_ Et eux, d’où vous viennent-ils ? se risqua-t-elle d’une voix douce.
_ Je suis né comme ça…
_ Vous êtes vraiment un homme on ne peut…

Elle ne put terminer sa phrase qui fut coupée par un cri strident, indéfinissable, suivi de cris humains.

_ Mya ! Mya ! Des harpies ! Elles arri…

Un javelot se logea dans son corps, coupant court à ses avertissements. A la suite du projectile, une horde de harpies s’approchait à vive allure. Leurs hurlements réveillèrent tout le campement qui sortait affolé de son lit. La flûtiste attrapa son instrument tandis que le reste du campement sortait de leurs affaires une dague, un couteau, un éventail.... tout objet qui aurait pu, d'une façon ou d'une autre, les défendre. Isaac leur jeta un regard lasse et ramassa sa faux.

- 'devriez retourner avec eux, lâcha-t-il à la musicienne en désignant les membres de sa troupe.

- Avec plaisir... dans une seconde, répliqua-t-elle en portant la flûte à ses lèvres. Elle se mit à jouer. Elle jouait exactement de la même manière qu'à son habitude, seule la mélodie était différente. Jusqu'à ce qu'une vapeur s'échappât de son instrument. Ce voile violet rempli l'atmosphère, pénétrait chaque homme et femme présent et les enlaçait d'illusions. En eux, se formaient leurs plus mauvais souvenirs, des images d'angoisses profondes, des illusions de douleurs... La flûtiste s'arrêta de jouer et s'adressa à Isaac :

- Réveille toi.

Cette simple phrase secoua le jeune homme, qui sortit de l'illusion cependant que Mya se dirigeait vers ses compagnons pour les en sortir à leur tour.