Je t’aime, mon amour éphémère qui tord la course du temps, le rend infini et trop court. Un jour, un sursaut du temps nous anéantira, nulle trace ne subsistera de cet amour si fort. Rien. Mais nous continuons tous, concrétisons un amour final, laissons des traces. Un besoin d’exister, s’affirmer brûle en nous.
Je t’aime, tu remplaces le temps, définit le monde entre tes bras. Tu es tout, même si nous ne sommes rien, ça ne change rien, je t’aime. Tu dois rester, pour moi et pour toi. Pour toi et moi. C’est tout. Parce que je t’aime. C’est tout.
Allez encore un peu, je te veux toujours. Survis !
Je marche dans l’ombre, voulant changer le temps. On se demande pourquoi ne peut-on pas tout plier à nous. Je saisis une branche et la tord. Si c’était le temps, qui m’aveuglait par tout, que cette branche définissait toute une vie basée sur les illusions, perceptions erronées. Si on avançait dans un tunnel blanc et qu’on voyait des hallucinations autour, des perceptions non-existantes. Ou si nous n’existions pas. Juste une petite illusion. Ça serait amusant. Oui très amusant. On n’existe pas, juste une odeur, un sentiment nous définirait. Et moi je suis quoi ? La tristesse ? L’amour ? La haine ? L’amitié ? Je sais pas moi !
Je jetais la branche, je commençais à délirer. C’est énervant quand même… Comment j’arrive à partir sur une branche n’importe où, petite vagabonde de l’esprit. Un rien me suffit pour une gymnastique spirituelle. Ça me changera, peut-être. Dommage…
Qu’est-ce que tu m’as laissée, des larmes ? On m’a dit « Je t’aime » récemment. Bizarrement ça me faisait rien… Pas de flamme. J’ai plus rien. C’est tout. Va falloir que j’accepte que tu me laisses les bras dans le vide comme ça. Et puis un amour ça reste, comme les larmes. Tu seras toujours dans ma tristesse. Je marche, c’est tout.
Tiens la bibliothèque. Ça m’changera les idées, ça faisait longtemps que je n’y étais pas allée. Ma jeunesse, quand j’avais encore en tête cette folie, un amour perpétuel. De lui d’abord. Puis de lui. De lui. Et de lui. Ils sont où maintenant ? Eux n’ont pas laissé de traces. J’aurais bien voulu me rappeler. Enfin, bon t auras occupé la majeure partie de moi. J’crois qu’elle t’a suivie. Encore dommage. Je sais pas. Ça me fait plus rien. Pourquoi en fait les sentiments ça fait quelque chose ? C’est pas solide… C’est pliable, ça disparaît. C’est rien, quoi.
Tu m’as embrassée ? Tu m’as bercée, enlacée, calmée et aimée ? Faudrait que je note, ça me servira plus tard, si je veux raconter mon histoire. Sinon je vais oublier.
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