Ossian de Langmar

(Les évênevements contés ici se déroulèrent il y a un peu moins d'un an.)


Ossian de Langmar marchait d'un pas vif vers le sud. L'urne en terre cuite qu'il tenait dans ses mains lui donnait une démarche claudiquante. Il s'adressa à elle :

"Tu ne me facilites pas la tâche mon cher et défunt collège! Déjà que ces pentes enneigées sont un véritable calvaire ...
M'envoyez chez les Norns ! Mais qu'elle idée a pû avoir là ma rustre de cousine.
" Tu refuses donc de te battre? Bien, pars dans ce cas. Il n'y a pas de place pour les lâches ici. Il faut se battre, ou mourir. Gardes! Emmenez mon tendre cousin chez les Norns. Cela fera peut-être de lui un homme." "

Ossian se rappelait mot pour mot des paroles du capitaine. Il avait bonne mémoire et connaissait les lettres. Il les maniait même avec habileté. Mais pour ce qui était des armes ...
Avoir un lien familial avec une illustre combattante du nord pouvait avoir des avantages dans certains cas, mais sûrement pas lorque l'on est qu'un barde aspirant à la paix et à la poésie.
Devant suivre l'injonction de sa cousine, Ossian avait été banni et condamné à un séjour forcé chez les norns. Quel sort cruel pour un artiste né!
Le barde repensait à tout ça alors qu'il arpentait les montagnes glacées, quittant Sifhalla et quittant enfin les terres de ces demi-géants aux moeurs barbares.

Il avait dû malgré lui d'adapter à la vie chez les norns, durant presque deux ans. Il avait survécut en chantant et en racontant des histoires, égayant les breuveries des demi-géants.
Et il avait enduré : enduré le froid, enduré les moqueries et les insultes, enduré la terreur des bêtes du nord, enduré les assauts d'une norne admiratrice ...
Heureusement il été parvenu à acquérir un semblant de respect, ou plutôt à éviter le mépris total, grâce au succès de quelques chansons paillardes et grâce au fait que finalement, il tenait bien l'alcool.
Du moins pour un humain.

Son collègue venu de Kryte, Luc Lyre d'Argent, avait eu moins de chance auprès des norns. Ce dernier été passé une première fois à Gunnar pour une splendide prestation. Hélas les norns avait omis de le rénumérer.
Ils étaient trop saouls pour tout cela, et de toute manière leur faible sens esthétique ne leur avait pas permis d'apprécier réellement les chants de Luc Lyre d'Argent. Alors le barde était revenu pour une seconde prestation.
Là, il avait eu le malheur de se plaindre du fait qu'il n'avait pas été payé la première fois. Bien sûr il avait fait cela avec tact et virtuosité à l'aide d'une magnifique chanson non dénuée d'humour où il narrait sa situation.
Ossian se rappelait encore de certaines paroles:
"Messire norns j'ai viellé
Mais de votre or n'ai point vu la couleur.
Que ne fût pas la colère de mon épouse,
Lorsque que je revint en ma demeure
Bredouille!"
S'ensuivait un délicieux couplet où Luc imitât son épouse en colère.

Hélas les norns avaient peu goûté à la plaisanterie. Le pauvre barde s'était retrouvé pendu par ses propres trippes.
Pour l'heure, Ossian devait ramener ses cendres auprès de l'épouse pré-citée.
C'était l'occasion rêvée de fuir enfin ce pays de fous! Mais encore fallait-il survivre jusque là ...

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